O lenn Bremañ emaon / Estoy leyendo Bremañ (Ahora en idioma bretón)

Publié le par Nevern

Emaon o lenn Bremañ . Diaes eo. Met plijout a ra din

Estoy leyendo Bremañ. Es difficil. Pero me gusta.

(Bremañ es una publicación mensual en idioma bretón)

Je suis en train de lire Bremañ. C'est difficile. Mais j'aime bien.

Histoire de tango

 

   Vers les deux heures du matin, dans la grande salle de gymnastique, qui réunit les meilleurs danseurs de tango, le samedi soir comme chaque samedi soir depuis des décennies, la lumière qui éclaboussait les couples enlacés dansant sur le 2x4 était trop vive.

   Mes yeux, quant à eux, bien que fatigués, suivaient les arabesques des talons aiguilles des femmes et millimétraient en connaisseur la finesse des chevilles. Toutes les têtes connues étaient là. Des  noms en veux-tu, en voilà. Certains maestros revenaient de leurs "saisons" en Europe. Des visages de touristes: japonais, américains. Des corps corpulents et des chevelures trop blondes rappellaient la bavière.

Je connaissais tout cela.

   La soirée devait être agréable et pourtant sans surprises. Un plaisir simple, celui d'être là où on a décidé d'être. C'est à ce moment où ma voisine et partenaire d'un soir, sortant d'une conversation de 5 minutes de bouche à oreille avec un monsieur d'âge mûr, élégant, aux yeux pétillants se pencha vers moi.

Ellie. : Tu vois ce monsieur, il vient de Boston

Moi: ah

Ellie: Il est millionnaire et même plus que cela...la construction.

Je n'avais jamais vu une grande fortune, et vous. Tout cela avait à avoir avec les magazines et la télé et le cinéma. Je détournais mon regard pour ne pas être la petite vieille derrière ses rideaux, qui après l'assourdissant accident, d'une main ridée écarte la dentelle blanche pour voir, pour voir et mes yeux retournèrent sur la piste de danse calibrer les chevilles. Non, les chevilles, j'avais déjà fait. Les mollets alors.

Ainsi, cet homme richissisme, dans cette banlieue de Buenos-Aires, amoureux du tango plus que tout au monde, venait à ce plaisir simple et beaucoup plus que bon marché. Je ne pus m'empêcher de l'imaginer: lui, dans un veston taillé sur mesure, son bureau vitré tutoyant d'autres tours, discutant chantiers et budgets et dans la langue de l'argent. Et il était là, heureux dans une communauté tout simple, de gens simple, qui tirèrent la fin du mois plus d'une fois certainement et venait au tango, religieusement tous les samedis soirs.

Etrange de penser que l'immensité de sa fortune était pour son plaisir totalement inutile.

Il se faisait tard et je devais rentrer. Je laissais les plus que noctambules avec les dernières bouteilles de champagne et Osvaldo Pugliese. Vers trois heures du matin reste le dernier carré, celui qui dira ou dirait M..., si quelconque dictature musicale leur enlevait leur plaisir : la 2x4. Il resta bien sûr. Je me retournai et le vis servir un champagne dans des flutes longilines. Un champagne que beaucoup à Buenos-Aires aurait pu se payer. Et c'est bien.

Publié dans Les pensées de Nevern

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I
Salud dit,Plijout a ra dit lenn, neuze. (3.personne singulier)Mat eo ivez: emaon o lenn....La forme eman est plus flexible que les autres verbes être, on peut le mettre en tête.Voilà.Plijus ar vuhez, neketa?
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